18h15.Garderie.
Je vais chercher Princesse. A une petite table, elle dessine avec ses copains-copines. J'attends que Princesse finisse son beau soleil. Un papa arrive. Son fils, 3 ans et demi, dessine aussi.
"Allez, on y va" dit-il à son fils. Le petit termine son dessin.
"Il n'est même pas beau ton dessin !" lance le père.
Direct, je le fusille du regard. Mes yeux glissent sur l'enfant au visage fermé. Je tente de le consoler.
"N'importe quoi ! Il est super beau ton dessin. Ton papa il dit ça parce qu'il est super jaloux ! Tout ça parce qu'il n'arrive pas à faire aussi bien !".
L'enfant signe son prénom : "Louis". Je continue.
"Wahou ! En plus tu sais écrire ton prénom ? C'est très bien !"
Pas un sourire. Même minuscule. Même des yeux.
L'enfant a terminé.
Le père s'enfonce. "Ben, voilà, on le mettra dans les toilettes !".
Les mots me manquent.
J'ai l'impression de revivre la scène du film "Deux jours à tuer" où Albert Dupontel se montre odieux à l'égard de ses enfants qui lui offrent un dessin pour son anniversaire.
J'ai envie de crier.
De l'insulter.
J'ai mal au ventre.
La colère.
J'ai envie de prendre le petit Louis dans mes bras, de lui répéter encore et encore que son dessin est beau et que ses bonhommes me font rire. J'ai envie de lui semer des étoiles dans la tête.
Princesse enfile son manteau et son écharpe.
On s'en va.
Il est 21h09. J'ai toujours mal au ventre.