Je vous avais dit ici que j'avais très envie de voir Amour. J'y suis allée cet après-midi, je sors juste de la séance. Impression mitigée. Jean-Louis Trintignant est comme d'habitude irréprochable. Il est dans ce film incroyablement touchant, incroyablement fragile.
Il y a des scènes d'une dureté implacable. Des scènes que l'on a déjà tous imaginé mais que nous voyons ici sans détour. Des scènes qui remettent les choses à leur place. On suit le quotidien, la description sans complaisance de la dégradation provoquée par une attaque cérébrale. Le quotidien que l'on oublie quand on n'est pas concerné. On sait que "ça" existe, on sait que c'est "comme ça", mais on occulte. Fermer les yeux est une sorte de cache-cache avec nous-même.
Je dois avouer que j'ai été un peu gênée par les dialogues parfois trop théâtraux, parfois manquants de naturels. Gênée également par des scènes de temps en temps trop longues ou des scènes dont je n'ai pas compris l'utilité (comme par exemple celle de la succession de tableaux).
Mais Trintignant, avec sa peau fine toute plissée, Trintignant avec ses paupières rougies, Trintignant avec ses 3 ou 4 cheveux sur la tête ressemblant à un petit moineau, Trintignant et sa voix métallique, Trintignant et ses yeux sombres... Trintignant me fait oublier ces petits dérangements.
Trintignant m'embarque comme il m'a toujours embarqué.
Jean-Louis Trintignant, le cœur aux lèvres.