On voit des minces partout. Y’a qu’à ouvrir un Elle, un Cosmo, un FHM, un Studio, un Ok magazine (ça existe encore ?) pour s’apercevoir qu’il n’y a jamais de « gros ». Et quand y’en a, c’est pour se foutre de sa gueule, pour parler de ses gros problèmes de gros, de sa grosse vie dans son gros corps, de ses grosses bouffes avec son gros frigo, de ses grosses fringues et de son gros lit.
On est dans une société anti-gros. Et depuis peu de temps (quelques mois ?), on est dans une société pro maigre, pro anorexique : la communauté des « pro-ana ».
Un petit tour rapide sur le web suffit à se rendre compte à quel point ses filles, ses femmes, sont déphasées… et seules. On a tendance à croire que les pro-anas sont toutes des ados, c’est entièrement faux. J’ai « rencontré » au fil du web certes des jeunes filles (une majorité, c'est vrai), mais aussi des adultes, des jeunes femmes, des mères de famille, des femmes de 30-40 ans.
Voici, par exemple, ce que j’ai pu lire sur un blog…
« Etre pro-ana, c'est contrôler son corps, montrer qu'on est under control (…). C'est aussi être intelligente et pleine de bonnes astuces pour ne pas se faire hospitaliser, telles que boire de l'eau chaude dès que vous passez sur la balance du docteur.
Etre pro-ana, c'est aussi mieux connaître le tube digestif, savoir quels ingrédients ont des qualités vomitives (yaourts, soupes), et quels aliments sont à éviter (essayez de vomir des spaghetti, c'est funky je vous jure).
Enfin, être pro-ana, c'est le revendiquer, et porter le "pro-ana bangle", un bracelet rouge autour du poignet.
Et je trouve ça vraiment bien. Parce que je n'ai jamais considéré l'anorexie comme une maladie mais plutôt comme un choix de vie. (…) Les filles minces s'assument, et elles font plus souvent envie que pitié. » (A. C., 25 ans)
Et encore ceci sur un autre blog… (Je précise que « Mia » est le contraire de « ana », version boulimie.)
« Ana, c'est mon amie, c'est ma meilleure amie, depuis quelques jours j'ai fait le pacte de lui consacrer tout mon amour. Un amour qui sera fidèle envers elle. Pour elle, je renonce à Mia, je déclare ne plus la trahir avec son ennemie jurée. Pour elle, je déclare ne plus manger, juste le minimum, ne seront autorisées que les journées à moins de 500 calories. Voila, j'ai décidé dès aujourd'hui, de vous choisir comme témoins pour vous montrer ma fidélité envers Ana. Ainsi, vous aurez un compte-rendu quotidien de mon carnet alimentaire, de l'évolution de mon poids, et de ma petite vie. »
Si vous voulez en savoir un tout petit peu plus sur ce mouvement pro-ana, je vous suggère de regarder un reportage diffusé dans l’émission de Zone Interdite sur M6. Vous le trouverez ici.
Et enfin, pour finir, je vous propose de découvrir une publicité qui vient juste de sortir, justement sur l’anorexie. Je la trouve majestueusement bien faite dans le sens où ce n’est pas une mise en avant d’une morale (qui serait de suite rejetée par les personnes touchées ou envieuses d’un tel mouvement), mais celle d’un mal être. On est en plein dans la compréhension de l’autre.
1% des adolescents et des jeunes adultes souffrent d'anorexie. Ces malades sont en majorité des femmes (9 filles pour 1 garçon), âgées de 13 à 25 ans. La maladie dure en moyenne 4 ans ; passée 10 ans, 10% des patients trouveront la mort.