Aujourd’hui, je suis sûre que je vais me mettre à dos pas mal de
lecteurs et lectrices… Aujourd’hui, je vais parler de ce que généralement on
n’ose pas parler. Je vais dire ce que généralement peu de mères osent dire. Aujourd’hui, je vais avouer que parfois, j’ai réellement envie
de balancer ma fille par la fenêtre !
Pour certains, ce ne sont que des mots. Pourtant,
malheureusement, beaucoup, beaucoup trop, les mettent en pratique
On a beau les aimer nos gamins, oui, oui, oui ; il n’en
reste pas moins que les premières semaines avec bébé sont tellement difficiles,
tant au niveau psychologique que physique, que parfois, on pète un câble et on
peut complètement dérailler.
Une cinquantaine de tout-petits victimes du syndrome du bébé
secoué sont reçus chaque année au CHU Necker à Paris. Ce chiffre extrapolé à
toute la France donne un minimum de 300 enfants concernés. Attention, dans ces
chiffres, les « secoueurs » ne sont pas uniquement les mamans (papas,
nourrices, famille…).
A chaque fois qu’on entend un fait divers aux infos sur un bébé
mort secoué, bien sûr qu’on est indigné, bien sûr qu’on est révolté. On imagine
une mère socialement perdue, une « pauv’e fille » au CSP négatif de
chez négatif…
Non.
Tout le monde peut être touché par ce phénomène incontrôlable.
Le stress, l’épuisement, les pleurs incessants du bébé
inconsolable… autant de signes déclencheurs de l’inévitable.
Et je l’avoue, non sans honte, non sans une culpabilité qui vous
déchire la tête, parfois, oui, j’ai l’impression d’être à deux doigts de le
faire, de la balancer par la fenêtre… C’est honteux, horrible. Rien que de le
penser, rien que de l’écrire, je ne me reconnais pas.
Et pourtant… Comment garder son calme face
à un enfant qui vous hurle dans les oreilles des heures et des heures durant,
non-stop ? Chanter des chansons, sortir se balader, poser bébé et aller se calmer dans une
autre pièce (mais pour combien de temps ?)… « Faut passer la
main »… Et si on n’a personne ? Ni famille dans l’secteur, ni copains
ou copines dispos ? Ben oui, contrairement à vous, les
« autres » continuent à avoir une vie professionnelle et sociale.
Au fond de moi je sais bien que je ne ferais jamais de mal à mes
enfants, mais parfois, l’énervement est si fort qu’il arrive, ce con !, à me
faire douter. Douter au point d’avoir peur de mon propre moi. Je crie, je m’énerve,
je hurle même… et ensuite je m’effondre de culpabilité et de douleur.
J’éprouve de la haine envers mon statut de mère, statut que je
ne mérite d’ailleurs peut-être pas. Une « bonne » mère peut-elle
avoir un tel comportement ?
Je me sent nulle, moche, honteuse.
J’ai les entrailles qui saignent de culpabilité et de douleur.
J’ai les entrailles qui saignent de culpabilité et de douleur.
J’ai les entrailles qui saignent de culpabilité et de douleur.
Bibis douloureux