« Il
faut chaque jour gagner sa légende
Il faut chaque jour célébrer la messe de l'univers. »
Tous ceux qui aiment la
Bretagne aiment, aimeront Xavier Grall.
Tous ceux qui aiment leur
terre aiment, aimeront Xavier Grall.
Tous ceux qui aiment écouter
le chant de la mer et celui du vent.
Tous ceux qui aiment regarder les
rides épaisses des vieux marins.
Tous ceux qui aiment respirer
le parfum des églises lointaines.
Tous ceux qui aiment fixer les
ajoncs courber l’échine sous la tempête.
Tous ceux là aiment, aimeront
Xavier Grall
Il parlait de la Bretagne. Il
la vivait. Il lui ressemblait. Visage rocheux, corps salé.
Xavier Grall m’a apprise la
Bretagne. Il m’ ouvert les yeux sur elle. Je suis une bretonne de cœur (je vous
l’avais déjà dit ici).
Car comme l’écrivait Xavier Grall :
« On ne naît pas Breton,
on le devient, à l'écoute du vent, du chant des branches, du chant des hommes
et de la mer. »
« Tu te découvres Breton comme il n'est
pas permis de l'être. (…) Et tu penses que ton pays ça existe, bon Dieu,
terriblement. Tu te récupères. Tu te regardes en face. Tu te décolonises. Tu es
Berbère, Kabyle, Breton. »
Xavier Grall a été pour moi
une révélation.
Xavier Grall, le poète.
Xavier Grall, l’homme.
Xavier Grall, le barde universel.
Bibis BZH
P.S. : Je vous laisse avec un de ses poèmes que je trouve tout simplement sublime...
Allez dire à la ville
Terre
dure de dunes et de pluies
c'est
ici que je loge
cherchez,
vous ne me trouverez pas
c'est
ici, c'est ici que les lézards
réinventent
les menhirs
c'est
ici que je m'invente
j'ai
l'âge des légendes
j'ai
deux mille ans
vous
ne pouvez pas me connaître
je
demeure dans la voix des bardes
0
rebelles, mes frères
dans
les mares les méduses assassinent les algues
on ne
s'invente jamais qu'au fond des querelles
Allez
dire à la ville
que
je ne reviendrai pas
dans
mes racines je demeure
Allez
dire à la ville qu'à Raguénuès et Kersidan
la
mer conteste la rive
que
les chardons accrochent la chair des enfants
que
l'auroch bleu des marées
défonce
le front des brandes
Allez
dire à la ville
que
c'est ici que je perdure
roulé
aux temps anciens
des
misaines et des haubans
Allez
dire à la ville
que
je ne reviendrai pas
Poètes
et forbans ont même masure
les
chaumes sont pleins de trésors et de rats
on ne
reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi
les
amis des grands vents
et
les oiseaux perdus
Allez
dire la ville
que
je ne reviendrai pas
Terre
dure de dunes et de pluies
pierres
levées sur l'épiphanie des maïs
chemins
tordus comme des croix
Cornouaille
tous
les chemins vont à la mer
entre
les songes des tamaris
les
paradis gisent au large
Aven
Eden
ria
des passeraux
on
met le cap sur la lampe des auberges
les
soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
O
pays du sel et du lait
Allez
dire à la ville
Que
c'en est fini
je ne
reviendrai pas
Le
Verbe s'est fait voile et varech
bruyère
et chapelle
rivage
des Gaëls
en toi,
je demeure.
Allez
dire à la ville
Je ne
reviendrai pas.
(Xavier Grall. « La sône
des pluies et des tombes »)