Je suis en pleine réunion.
On vient de remporter un gros appel d'offres et l'on doit se réunir pour mettre des choses au point. Maquettes à retravailler, méthode de travail, retroplanning et tout le toin-toin.
On est 7 autour d'une table.
Le directeur est juste là, devant moi.
Costard trop serré pour son corps enveloppé, peau brillante, cou sans cou, voix aiguë, regard fuyant, sourire en coin.
Je le regarde et me dit qu'on est loin de l'archétype de l'homme canon, sensuel qui fait vibrer les femmes.
D'un côté, je ne lui demande pas d'être sexy, seulement d'avoir du budget et d'être ouverts aux idées.
Et puis, d'un coup, langoureusement, méthodiquement, il commence à farfouiller dans son oreille droite avec le bout en gomme de son crayon à papier. Et vas-y que j'te tourne, et vas-y que je t'enfonce (calmez-vous bande d'excités ! Je parle de cire d'oreilles et de crayon !).
J'ai du mal à le regarder. Je suis entre fou-rire et dégoût. Fou-rire quand je pense à la situation globale. Et dégoût lorsque j'imagine le bout du crayon à papier jaunâtre, collant et peut-être même avec quelques résidus de poils.
Je me rappelle d'un collègue avec qui j'ai bossé il y a quelques années, qui répondait au doux surnom de "L'homme qui pue" (ai-je besoin d'expliquer ?) qui, au téléphone, se nettoyait les oreilles avec des trombones déroulées.Trombones qui servaient aussi à se curer les ongles et les dents.
Avant d'allumer mon ordi, je me demandais quel allait être le sujet de mon billet. Bon ben là, je crois que vous êtes servis, non ?