Ca souffle. Les pieds dans la neige. Les yeux aussi. Gros
blouson. Le portable dans la poche. La tempête plein les oreilles. Je regarde
les autres. Comme moi, têtes baissées, cheveux en vrac, les corps se débattant
contre le vent. Blanc. Que du blanc.
En haut d’une colline.
On regarde tous la ville, dans la vallée, là-bas au loin. Un paysage apocalyptique. Une ville très urbaine, complètement cramée. Noir. Que du noir. Pas un mouvement. Tout a l’air figé. Noir et figé.
Dans la ville.
On entre dans un bâtiment. Tout est sens dessus dessous. On ne voit rien. On se donne la main et on avance dans le noir à la file indienne. On se baisse, on enjambe, on se faufile, on saute. On cherche d’autres rescapés. Il doit bien y en avoir. En rester. Oui. On les voit. Une quinzaine. Avec nous, ça doit faire un petit peu moins de vingt-cinq. Leurs vêtements sont déchiquetés. Il y en a qui mesurent 5 cm. Un phénomène étrange les a touché. Ils nous expliquent que nous sommes tous prisonniers. Y’a des méchants dans le secteur.
Dans une pièce, avec un homme en vert.
L'homme ferme soudainement la porte. Une grande porte coulissante
qui se ferme de haut en bas. Ca nous coupe des autres. « Pourquoi tu as
fait ça ? » « Nous avons 11 heures. 11 heures pour
creuser. » « Mais pour creuser quoi ?? » Avec un calme
déconcertant, il m’explique que les méchants nous ont donné un gage. On doit
creuser dans le sol (du béton…) pour niquer les tuyaux de je-ne-sais-quoi et
piéger nos amis. Certains mourront. Il me dit que c'est horrible mais que nous
n’avons pas le choix. Ce sont eux ou nous.
La fameuse grande porte n’est pas fermée à fond. Je peux
voir les pieds des autres, de nos amis, dans la pièce d’à-côté. Je vois aussi
des visages, certains sont allongés, les joues à même le sol, pour voir ce qui
se passe par ici.
Le visage d’Amanda Lear apparaît. Son rouge à lèvres rouge a coulé. Sa tête est déformée.
Après ça, qui peut dire que j’ai des nuits normales ?