Je vois tout.
Je vois les chiffres montés de mois en mois, je vois les pics de connexion, les mots clés saisis, je vois d'où viennent les lecteurs, par quels sites ils arrivent, quelles pages de mon blog ils consultent et pendant combien de temps ils le font ; je vois de quels pays ils se connectent, de quelles villes ils viennent, je vois sur quel navigateur et système d'exploitation ils surfent, je vois leurs résolutions d'écran, leurs fournisseurs de services, leurs vitesses de connexion, je vois leurs adresses IP, je vois leurs avatars pour ceux qui en ont.
Je vois tout. Ou presque tout. Parce que, exceptée une poignée de lecteurs, je ne les connais pas. Je ne vois pas leurs vrais visages, leurs yeux, leurs sourires, leurs larmes, leurs gestes ; je n'entends pas leur voix. Je ne connais ni leur âge ni leur prénom. Et je ne lis les commentaires que d'une infime partie des lecteurs, les autres préférant rester "muets".
Et puis parfois - parfois seulement - j'ai la chance de voir davantage.
Samedi après-midi, dans le centre de Quimper. On m'aborde.
"Vous n'êtes pas Layblogue par hasard ?" me dit Prince Charles accompagné de sa Lady H. et de leurs deux enfants.
Et là, c'est la chance de voir le sang, la chair, les respirations. C'est un instant commun pour tous, particulier pour moi. Je les regarde, gênée et gourmande à la fois. Je ne veux rien rater. Je regarde les tenues habillées d'une cérémonie, je regarde les yeux incroyablement bleus, je regarde les petits pieds, je regarde les rubans et la glace. Je regarde et j'écoute. Les sons, les voix, les rires et les mots touchants.
Un bel instant qui me confirme que derrière mon écran... vous êtes bien là.