Ecole.
Princesse lance à Flora*, une petite copine : "Ben toi de toutes façons, tu n'as pas de papa !".
Je la reprends immédiatement en lui disant que ce n'est pas gentil de dire de telles choses, que tout le monde a une maman et un papa.
"Oui, mais c'est pas moi, c'est Flora qui dit ça, qu'elle n'a pas de papa !".
Les filles oublient et courent en direction de l'école.
La maman de Flora me regarde l'air bizarre. Malaise. Il faut dire que la petite appelle "Papa" (presque) tous les autres papas de l'école. La maman de Flora se confie et m'explique que sa fille est une petite fille adoptée et que oui, elle n'a pas de papa.
Pour elle, les parents "géniteurs" ne sont pas une "maman" et un "papa", c'est elle, la maman. L'adoptante. "Je lui dis qu'un monsieur et une dame l'ont mise au monde, c'est tout, et que moi, je suis sa maman et qu'elle n'a pas de papa. Pour l'instant, tant que je n'aurais pas rencontré quelqu'un, elle n'a pas de papa."
Sur le coup (et après...), j'ai trouvé ça horrible de dire ça à une petite fille. Lui dire qu'elle n'a pas de papa, c'est comme lui couper une jambe, nan ? Comment trouver l'équilibre ? Comment comprendre qui on est si on ne sait pas d'où on vient.
Et puis, je me dis que ca ne doit pas être si simple.
Je me dis que je n'en sais rien.
Je me dis que c'est compliqué.
Je me dis qu'il ne faut pas vouloir tout comprendre.
Et puis je me dis que si, il faut, sinon, à quoi bon ?
Je me dis que je n'en sais rien.
Je tourne en rond.
Je pense à cette gamine qui doit se trouver.
Je pense à cette maman qui doit jongler.
Et je pense à moi, au milieu de tout ça. Aujourd'hui.
* Le prénom a été changé.