Très souvent - pour éviter de dire "toujours" - on n'est pas soi à cause du regard des autres. On fait trop attention à tout. A ceci à ceci, à nos gestes, à nos mots, à nos regards, à ce qu'on porte, à ce qu'on bouffe, à qui on embrasse, avec qui on couche.
"Surtout pas ça, il va dire quoi ?"
"Non, je ne peux pas, elle va me faire la gueule..."
"Si je fais ça, je suis grillée"
On se sclérose, on s'asphixie tout seul.
Tout seul avec les autres.
De peur d'être sans.
L'implacable peur d'être seul face à tous, d'être seul face à rien.
On devient engourdis de nous-même. Immobile.
Jusqu'à ce que ça pète.
"Rien à foutre." "Fait chier." 'J'me casse.""J'me branle." "Y'en a marre."
Ca pète mal en général.
Trop de pressions.
C'est certain, être soi constitue l'une des choses les plus difficiles à atteindre.
Etre soi, c'est accepter ses faiblesses, c'est accepter ses défauts. Etre soi, c'est accepter de déplaire, c'est accepter d'etre seul.
Alors quoi ? Jouer et rayonner pâlement au palais des comédiens ? Ou tenter d'atteindre sa justesse, sa propre exactitude quitte à laisser sur le chemin des mains et des yeux froissés, vexés, malcontents ?
J'ai choisi mon camp depuis bien longtemps.