J'avais envie de lire ce livre. Au début, quand j'en ai entendu parler, je ne savais pas que c'était Michel Rostain qui l'avait écrit. Coïncidence. J'ai longtemps essayé de travailler pour/avec lui quand il était directeur de la Scène nationale de Quimper. J'avais envie de bosser sur la com' du théâtre, j'ai tenté à plusieurs reprises de m'immiscer dans le cercle très fermé de la "culture-culturelle". Mais souvent, les agences sont rayées de ces univers au profit d'indépendants, moins chers et plus "artistes". Le but d'une agence n'est pas de faire des beaux tableaux, mais de donner du sens, du vrai sens aux choses. Bref.
J'avais donc déjà très envie de lire ce livre et l'envie s'est décuplée quand j'ai su qui l'avait écrit.
"Le fils".
Goncourt du premier roman.
Un récit poignant sur la mort de son fils foudroyé par une méningite à l'âge de 21 ans. Ca n'est pas à proprement parler l'auteur qui raconte, non, c'est son fils mort, surnommé "Lion", qui, devant la détresse des siens, décide en quelque sorte, de prendre la plume.
Un livre qui parle de la mort et qui pourtant respire la vie.
Un oeuvre littéraire à part entière.
J'aimerais dire une chose à Michel Rostain : "Merci".
Extrait :
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier ¬recondoléances, etc. ¬ débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd.»
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