C’était elle. Dès que je l’ai vu, je savais que c’était
elle. Elle et pas une autre. Elle m’avait tout de suite plu. Longs cheveux
noirs, yeux clairs, bouche rieuse et voix très légèrement cassée. J’aimais sa
façon de marcher, avec dénuement et calcul à la fois. Il me la fallait, et
vite. Je devais l‘approcher et la séduire. Pas le choix.
Les premiers contacts
n’avaient pas été aussi simples que je l’aurais voulu. Immédiatement sur la
réserve, elle s’étonnait de mon ardeur. Je m'ouvrais à elle, lui dévoilais mon
trouble et mes ambitions. Je lui faisais livrer des fleurs, déposais des petits
mots doux sur son pare-brise, lui envoyais des textos d’un romantisme fou… bref
je devenais pour elle l'homme parfait. Ce petit jeu dura huit semaines.
Une éternité pour moi, je n'ai pas l’habitude d’attendre si longtemps. Mais là, je
savais qu’il me fallait être patient. Et puis vint le premier baiser, ce
premier échange où l’on sait que tout est gagné. C’était bon. Elle était
devenue tendre, démonstratrice… amoureuse. Elle avait pris ma place sans même
sans rendre compte. J’étais flatté d’un tel renversement de situation. Je
savais depuis le début que ça allait se passer comme ça – ça s'est toujours passé comme ça - mais je ne me doutais pas d’une telle ferveur de sa part. Tant
mieux. C’était encore meilleur. Et puis le reste a été rapide. Du bisou au
pieu, il n’y a qu’un pas. C’est même elle qui l’a fait. Chez elle, après
une soirée avec des amis, elle s’était mise nue devant moi et m’avait embrassé
comme jamais, avec toute la passion et la tendresse d’une femme offerte. Il
avait été facile – trop peut-être – de la convaincre de ne pas mettre de
capote. Nous avons fait l’amour toute la nuit. Je savais que j’étais en train
de la tuer, mais ma jouissance n’en devenait que meilleure. Aucune
raison qu’il n’y ait que moi qui trinque. Je ne veux pas mourir seul.