La scène se passe à table.
J'avais fait une dorade au
four. Je sers les assiettes. Il ne reste plus que la tête et l'arête centrale.
Princesse insiste pour voir les yeux du poisson. Yeux blancs. « Il dort maman ?
».
En dépit du fait que la
remarque de ma fille soit « amusante », elle a soulevé chez moi un vrai
problème.
Quand et comment parler de la
mort à son enfant ?
Le sujet revient le lendemain.
Papou a envoyé la revue «
Pomme dApi », revue destinée aux enfants entre 3 et 7 ans. Après lui avoir lu
les péripéties de la famille Choupignon, les aventures spatiales de Sam-Sam, je
suis tombée sur une histoire qui s'intitulait « C'est quoi la mort ? ».
Je ne vous cache pas que j'ai
passé les 4 pages sur le sujet pour continuer sur Petit Ours Brun. Pas à l’aise,
pas préparée la Lady.
Car oui, comment leur dire ?
Comme leur expliquer l'inacceptable ? Comment leur faire intégrer l'inexorable
condition humaine, son côté insensé et scandaleux ?
Il est difficile de répondre à ces questions car elles nous
ramènent à notre propre difficulté à évoquer un tel sujet. Or, les enfants
attendent des réponses claires et nous obligent donc à être clairs envers
nous-mêmes.
Le petit livret encarté dans
la revue destiné aux parents explique qu'il faut leur dire la vérité (oui, bien
sûr) même si cela pouvait parfois provoquer un véritable séisme intérieur. Pas forcément (encore) par peur de leur propre disparition, mais par peur de celles de leurs parents. Sentiment d'abandon ultime.
J'angoisse de voir venir la question. Il faut absolument qu'Amoureux et moi nous « préparions » notre discours. Pas trop l'esprit de la maison de se diriger vers Dieu et tout le bastringue… Faut qu’on y pense.
Ca me fout les j’tons.
Bibis question existentielle