(Ce billet a été mis en ligne le 14/03/07)
Ca a commencé avec mon billet sur le film « La haine ». Comme ça.
Ca m’y a fait pensé. Et puis, y’a eu le billet de Ludo. Comme un glaçon. On n’en sait rien. On regarde autour de soi, notre monde est minuscule.
Ca m’a fait repensé à tout ça.
A
cette douleur qui était là. Apaisée maintenant. Avec le temps. Mais qui
ressort parfois. De moins en moins souvent, heureusement.
Ca m’a fait repensé à lui.
Un gamin à l’époque. On s’était rencontré j’avais à peine 15 ans. Une enfant aussi.
Y’en
a plein des gars paumés, qui cherchent leur place au milieu de tout ça.
On nous dit « le monde vous appartient ». Ca paraît simple, non ?
Mais on ne sait pas. On est là aujourd’hui. On sera là demain. C’est tout ce qu’on voit.
Les journées défilent, remplies par du n’importe quoi. Les potes, la défonce, le collège quand on peut, les virées.
Il
était paumé. Un faux rebelle. Un vrai sensible. Le plus sensible que je
n'ai jamais connu. Il a été mon premier amour comme on dit. Quelques
années.
Car les journées défilent toujours. On se dit qu’il va
bien se passer un truc. Un truc extraordinaire, car merde, on n’est pas
là pour rien. Un truc. Mais quoi ? Faut faire quoi ? A 15, à 16, à 17
ans, on n’en sait rien… surtout quand on est seul. Lâché, comme
suspendu dans l’air.
Il était paumé. Et il est mort. A 19 ans.
Ses journées ne défilaient plus.
J’ai
longtemps été hantée par tout ce que j’aurais tant aimé lui dire. On ne
dit pas assez les choses. On pense toujours qu’on aura le temps de le
faire. Ben non, c’est faux.
C’est certainement depuis tout ça
qu’il est si important pour moi de dire aux gens toute mon affection.
Dire les choses quand elles vont bien. Les gens ouvrent leur gueule
pour râler, pour dire quand ça va mal. Rarement pour dire qu’ils sont
heureux.
T’as raison Ludo, le désespoir ça fait peur. Ca fait fuir les gens.
Il était paumé… mais il était tout seul.